Mort subite du nourrisson

Qu’est-ce que la mort subite du nourrisson?

Les spécialistes parlent de mort subite du nourrisson lorsqu’un enfant jusqu’alors bien portant décède de manière inattendue, sans raison apparente. La plupart des morts subites du nourrisson surviennent pendant le sommeil. Ce sont surtout les bébés de moins de douze mois qui sont touchés. 

On utilise parfois l’acronyme SIDS (de l’anglais: Sudden Infant Death Syndrome). On peut aussi parler de mort inattendue du nourrisson pour désigner cet événement tragique.

À quel âge le risque est-il le plus élevé?

La mort subite du nourrisson touche essentiellement les enfants de moins de un an. 80% des cas surviennent avant l’âge de six mois, la plupart entre deux et quatre mois. Plus les enfants grandissent, moins ils ont de risques de décéder de mort subite du nourrisson.

Causes: qu’est-ce qui déclenche la mort subite du nourrisson?

La question du pourquoi hante la plupart des parents concernés. Comment un tel drame a-t-il pu survenir? Pourquoi n’ai-je rien remarqué? Qu’est-ce que j’ai fait de mal? Pourquoi mon enfant? La tragédie de la mort subite du nourrisson est qu’il est impossible d’identifier des causes précises pour le décès du bébé jusqu’alors en bonne santé. On procède ainsi à un diagnostic d’élimination. L’enfant décédé fait l’objet d’un examen approfondi et si aucune autre cause de décès n’est décelée, le médecin pose le diagnostic de mort subite du nourrisson. 

Les médecins supposent que différents facteurs entrent en jeu. On pense par exemple qu’une immaturité du contrôle de la respiration pourrait jouer un rôle. On a ainsi trouvé chez certains bébés victimes de mort subite du nourrisson des signes suggérant des arrêts respiratoires et un faible taux d’oxygène dans le sang avant leur décès. Normalement, les bébés en bonne santé se réveillent si leur taux de CO₂ dans le sang augmente trop; ils modifient ainsi leur respiration afin de recevoir plus d’oxygène. Ce réflexe de réveil semble ne pas fonctionner chez certains enfants.  

Une autre théorie suggère que les entérovirus pourraient être un facteur déclencheur de la mort subite du nourrisson. Ces virus peuvent provoquer des troubles du rythme cardiaque et des inflammations du muscle cardiaque.

Un taux d’enzyme trop bas mis en cause dans une nouvelle étude

Les recherches les plus récentes étayent la théorie d’un trouble respiratoire et d’un dysfonctionnement du système d’alarme du cerveau du bébé. L’étude publiée en mai 2022 par le groupe de recherche australien du Dr Carmel Therese Harrington est ainsi considérée comme une avancée importante pour déterminer les causes de la mort subite du nourrisson. La recherche revêt un caractère très personnel pour le Dr Harrington, qui a elle-même perdu un fils de mort subite du nourrisson il y a tout juste 30 ans.

Selon l’étude, un déficit en butyrylcholinestérase (BChE) pourrait expliquer pourquoi les bébés ne se réveillent plus. La butyrylcholinestérase joue un rôle important dans la communication du cerveau. Normalement, cette substance messagère amène les enfants à se réveiller si leur respiration s’arrête pendant le sommeil. Chez les enfants décédés de mort subite du nourrisson, les échantillons prélevés quelques jours après la naissance présentaient une concentration significativement plus faible de l’enzyme que dans les échantillons d’enfants en bonne santé. De quelle manière ces résultats pourraient-ils aider à éviter de futurs cas de mort subite du nourrisson? Ils constituent la base du développement de tests qui pourraient identifier tous les bébés présentant un risque accru de mort subite du nourrisson,. Ces enfants pourraient alors faire l’objet d’une surveillance plus étroite, par exemple avec des dispositifs de surveillance sur prescription médicale (moniteurs à domicile).

Facteurs de risque de la mort subite du nourrisson

En plus de ces causes médicales, certains facteurs augmentent le risque de mort subite du nourrisson, notamment:

• Le tabagisme pendant la grossesse ou dans l’environnement de l’enfant
• La consommation de drogue par la mère pendant la grossesse
• Âge précoce de la mère (moins de 20 ans)
• Naissance prématurée
• Faible poids à la naissance (le risque le plus élevé concernant les enfants avec un poids de naissance de 1000 à 2000 grammes)
• Dormir sur le ventre
• L’enfant a trop chaud
• Matelas trop mou
• Dormir en dehors de la chambre des parents
• Dormir dans le lit des parents
• Frères ou sœurs décédés de la mort subite du nourrisson

Prévention: que puis-je faire pour diminuer le risque de mort subite du nourrisson?

Il n’est pas possible de modifier certains facteurs de risque comme les prédispositions génétiques. Mais comme tu le vois, il existe également de nombreux facteurs externes susceptibles d’augmenter le risque de mort subite du nourrisson. Si tu veilles ainsi à respecter certaines mesures préventives, le risque peut être réduit à un minimum absolu.

Le fait de placer bébé sur le dos pour dormir constitue l’une des principales mesures de prévention. Au cours de sa première année de vie, ton nourrisson devrait dormir le moins possible sur le ventre. Dans cette position, le risque que la bouche et le nez soient recouverts et donc que l’enfant s’étouffe pendant son sommeil est plus élevé. La position latérale n’est pas recommandée non plus, car les petits peuvent facilement se retourner sur le ventre. Pendant la journée, tu peux toutefois tout à fait placer ton bébé sur le ventre s’il est éveillé et que tu es à proximité. C’est même recommandé pour qu’il renforce ses muscles du dos et que l’arrière de sa tête ne s’aplatisse pas. Après tout, le crâne d’un bébé est encore malléable pendant sa première année.

Au cours de leur première année de vie, les bébés devraient passer la nuit dans la chambre de ses parents. Si ton enfant dort près de toi, tu peux remarquer plus facilement si sa respiration devient irrégulière. D’autre part, cela facilite l’allaitement, ce qui réduit aussi considérablement le risque de mort subite du nourrisson. Les bruits de respiration régulière de maman et papa ont par ailleurs un effet positif sur la respiration du bébé.

Comment le lit de bébé doit-il être organisé? Choisis un matelas ferme et respirant. Élimine tous les objets tels que les réducteurs de lit, peaux d’agneau et autres coussins, qui représentent un danger d’étouffement. Idéalement, les bébés dorment dans une gigoteuse. Contrairement à une couverture, elle ne peut pas recouvrir accidentellement la tête de l’enfant pendant la nuit. 

Veille à ce que ton nourrisson n’ait pas trop chaud en dormant. La température idéale de sa chambre doit être comprise entre 16 et 18 °C. Ne mets pas de petit bonnet à ton bébé, car l’excès de chaleur est évacué par la tête.

Qu’en est-il pour ce qui est de dormir dans le lit des parents? De nombreux enfants préfèrent dormir tout contre leurs parents. C’est également plus simple pour l’allaitement. Toutefois, des études montrent que le cododo accroît le risque de mort subite du nourrisson. Il faut dans tous les cas y renoncer si l’un des parents fume.

Dans la chambre comme dans le reste de l’environnement de bébé, il ne faut pas fumer. Dès la grossesse, veille si possible à ce que ton enfant ne soit pas exposé aux fumées nocives.

Le lait maternel est ce qu’il y a de mieux pour ton bébé. Il offre à ton bébé des nutriments importants et renforce également ses défenses immunitaires. Des études ont montré que les bébés allaités se réveillaient plus souvent et plus facilement la nuit. Le risque que l’enfant arrête de respirer la nuit et ne se réveille pas à temps est donc nettement réduit par l’allaitement.

Si tu remarques certains signaux d’alerte chez ton nourrisson, consulte ton pédiatre. Il peut notamment s’agir des signes suivants:

• La respiration de ton bébé fait des pauses pendant son sommeil.
• Il est difficile de le réveiller.
• Il a les lèvres bleues et il est pâle.
• Il transpire beaucoup en dormant.
• Ton bébé avale souvent de travers et doit souvent vomir.
• Il a de la fièvre sans raison apparente.
• Ton nourrisson a des pleurs très stridents et il n’est pas possible de le calmer.

Agir correctement en cas d’urgence

C’est le cauchemar de tous les parents: le bébé est inanimé dans son lit et ne respire plus. Si cette situation effrayante venait à se produire, essaie de garder ton calme, mais si c’est bien évidemment difficile.

Tout d’abord, essaie de réveiller ton bébé. Important: ne le secoue pas. Si ce n’est pas possible, appelle les secours et commence des mesures de réanimation.

Autres informations et aide pour les personnes concernées

La perte d’un enfant est la pire chose qui puisse arriver en tant que parents. Avec la mort subite du nourrisson, les enfants touchés quittent le monde silencieusement, sans prévenir. Le choc est terrible pour les parents et les proches. Si tu as vécu une perte aussi terrible, il existe différents services à qui tu peux t’adresser pour traverser ton deuil. 

• Service spécialisé dans la perte d’enfant pendant la grossesse, la naissance et les premiers temps de vie (https://www.kindsverlust.ch/) 
• Association de parents SIDS Schweiz (http://www.sids.ch/)